Dans un pays où l’industrie musicale fond comme de la glace, une femme tente de lui prêter des béquilles. Ceci semble marché vu la notoriété qu’elle se construit à l’international. Né sous le froid berçant de Yaoundé et sous le beau soleil d’une année 1985, le parcourt atypique de cette chanteuse justifie le filtre de sa voix et la qualité de ses textes.

2001 est loin ; mais pas assez pour ne pas se souvenir de cette voix unique qui accompagnait le bassiste Jeannot Hens à l’époque, étendard de la world musique dans le pays de Manu Dibango. Cette petite fille d’une apparence timide annonçait par la qualité de son chant ce qui devait être son avenir dans le domaine de la musique. Charlotte Dipanda à la sortie de cette chanson marquait déjà le mélomane camerounais et peu à peu gravait des marches pour se hisser dans le carré de Richard Bona, Henri Dikongue, Manu Dibango, Coco Mbassi, Sally Nyolo et les autres.

Hors mis sa collaboration avec jeannot Hens dans l’album Ndando en 2001, la vocaliste marque un coup de maitre dans son premier album. Un arrangement professionnel, une qualité de son des plus recherchée, un timbre vocal particulier pour des chansons magiques. Souvenons-nous, c’était en 2008 ; la sortie officielle de Mispa alimente tous les débats camerounais et s’exporte à l’international. Jeannot Hens décédé, le regard est désormais braqué sur la question du « comment y arrivera-t-elle ? » Elle ne déçoit pourtant pas. Mispa s’annonce comme un album mature, avec une voix soul et un rythme pop, c’est désormais une grande femme, une diva, une référence de la musique qui revient. À l’écoute de cet album, l’émotion transperce et recrée cette fusion entre le Cameroun et sa musique. Il nous transporte loin dans le souvenir de l’époque où le Cameroun s’érigeait en maître dans la qualité de sa production artistique. La posture arborée dans cet album dimensionne la musique natale et rouvre le cahier de sa réputation. Désormais le Cameroun à une voix, une grande voix. Celle d’une artiste qui a tutoyé les plus grandes stars de la musique africaine en si peu de temps. De Toto Guillaume à Papa Wemba, de Richard Bona à Jacob Devarieux, de Manu Dibango à Rokia Traoré. En 2008, une vie est décrite dans 12 chansons aussi impressionnantes les unes des autres et chacun y retire ce qui est à lui. C’est dorénavant une femme dont la grâce et la présence fait vivre et passionne un pays entier.

Charlotte ne nous revient pas transformée en 2016, mais grandit avec une voix encore plus captivante et une profondeur des textes subjuguant. Ce nouvel album parcourt le monde comme une onde électrique et investit chaque pays avec la même ardeur. Ceci se confirme lors d’un concert pendant lequel une foule reprenant à l’unisson « MASSA » entre en transe et communique en larme. Encore plus magique, il est l’apogée de l’art et la prouesse artistique en dit long sur le sérieux accordé au travail. MASSA vient de s’inscrire en lettre d’or dans les archives musicales du Cameroun et fait de Charlotte Dipanda « LA Voix ». Consommé à de milliers d’exemplaires et de milliers de téléchargements. Et maintenant laissez-vous accompagner à tout moment de votre journée par « Elle ne l’a pas vu » en nous souvenant des mamans parties très tôt qui n’ont pas eu le temps de nous voir grandir.

Nature In Pure